"Ce ne sont pas les choses qui troublent les hommes, mais leurs perceptions des choses" - Epictète
"Ce ne sont pas les choses qui troublent les hommes, mais leurs perceptions des choses" - Epictète

Le pari des croyance

Dans le célèbre fragment 396 de ses Pensées, Pascal fait de l’existence de Dieu, l’objet d’un pari et la condition pour le joueur d’une infinité de vies heureuses à gagner.

 

On mesure mal aujourd’hui la portée scandaleuse en son temps d’une telle proposition sous la plume d’un résident de Port Royal. Pascal pousse loin la provocation quand il reprend ainsi à son compte une pensée iconoclaste de son alter ego libertin, le Chevalier de Méré, usant de ce que l’on nomme en psychologie moderne un insight. Que Pascal soit par ailleurs l’inventeur du « moi », à savoir le premier penseur moderne à substantiver ce terme, conforte cette lecture.

 

Pascal invite donc le joueur potentiel : le Chevalier de Méré, toi, moi, à « hasarder certainement le fini » pour le gain incertain de l’infini. « La raison, poursuit-il, n’y peut rien déterminer ». Les termes du pari sont séparés « par un chaos infini (...) à l’extrémité de cette distance (...) qui sépare le gain de la perte, le côté pile du côté face de la pièce ».

 

Nous voilà ainsi tous embarqués et c’est à peine volontaire.

 

Le marché de Pascal semble pourtant fondé en logique puisque, nous rassure-t-il :

« Si vous gagnez, vous gagnez tout, si vous perdez, vous ne perdez rien ».

 

Dans tous les cas, le parieur aura eu grâce de sa vie.

 

Cette invitation de Pascal le rend un rien diabolique à mes yeux. Au sens étymologique du terme : diabolus, « celui qui divise ».

 

Par un tour de passe-passe métaphysique et sous couvert de raisonnement, Pascal pose au passage l’acte de parier comme une condition nécessaire de la connaissance, en tant qu’il permet d’accéder à ce qui est indémontrable. Une vérité se tient à portée de vue, mais dérobée derrière l’horizon de la croyance et que seul un pari viendra confirmer ou infirmer. Le pari apparaît ici comme un outil du savoir intuitif, à ce que Pascal nommait l’esprit de finesse ou son contemporain Spinoza, le 3ème genre de connaissance.

 

Il te faudra donc gager pour gagner. 

 

C’est ici que le pari de Pascal fascine et donne envie d’aller plus loin dans la voie qu’il trace...

 

Que peut nous révéler la tentation pascalienne rapportée à d’autres enjeux que celui du divin? Peut-elle s’appliquer à toute autre croyance? Et que nous dit le pari sur la croyance en général ? Ne gagne-t-il pas encore en vivacité ?

 

Si Pascal se permet de réduire ainsi la foi chrétienne à une espérance mathématique (et avec quelle radicalité) pourquoi ne pourrions-nous pas, à notre tour, examiner nos autres croyances, nous interroger sur leur probabilité, et dès lors que nous les remettons en jeux, mesurer leur impact sur notre vie.

 

De surcroît, le pari pascalien insinue une autre idée encore plus troublante. Le simple  fait de miser sur Dieu suffit à le faire exister, au moins en tant qu’objet de croyance et de pari, au-delà de toutes preuves ou raisonnements contraires. En somme, parier serait déjà croire en quelque chose ou en sa négation (et une négation est toujours négation de queleque chose). Dans cette mesure, toute croyance est prophétie de son objet. Son énoncé est par essence performatif.

 

Cet effet inattendu du pari serait une bonne nouvelle si toutes tes croyances t’aidaient à vivre. Mais tu sens bien qu’elles sont nombreuses et parfois très ancrées, celles qui t’entravent et te nuisent chaque jour davantage. Crois-tu par exemple que telle chose « ne se fait pas » ou que telle autre « est une obligation », ou encore que tel talent ou compétence reste irrémédiablement hors de portée pour toi? Et voilà que tu dresses toi-même les bornes de ta propre vie!

 

Que se passerait-il si tu te mettais toi aussi à parier sur toutes tes croyances, des plus modestes aux plus influentes? Ou même, au-delà, par un retournement réflexif de ta conscience, à engager un pari sur l’acte de croire lui-même !

 

Te voilà maintenant avec quelques cartes en main et de quoi miser.  Prêt à te déterminer pour l’un ou l’autre terme de l’alternative suivante :

 

Hypothèse A : J’accepte le pari des croyances.

 

Tu es donc prêt à mettre en jeu tes croyances ? Toutes tes croyances ? À les risquer sur l’heure? À renoncer à tout ce qu’elles t’apportent de confort, d’habitudes, pour le meilleur et pour le pire d'ailleurs, dans tes bonheurs comme dans tes misères ordinaires, qui sont autant de dispenses au changement? Tu gagnerais, qui sait, sur celles qui donnent son sens à ta vie et que perdrais-tu à te défaire des autres, comme de faux-semblants qui te pèsent ?

 

  • Ta détermination est de type existentialiste. Tes croyances sont des constructions de ton histoire, des routines qu’il t’appartient d’évaluer. Elles entrent dans le champ de ta volonté. Tu peux les choisir à ton gré, ou t’en séparer comme tu le ferais de n’importe quel mobilier encombrant.

 

Hypothèse B : Je refuse de parier sur une croyance.

 

Tu n’es pas joueur et tu préfères rester dans la posture de ne rien tenter, soit que tu ne saurais douter d’une croyance, la tenant forcément pour vraie, ou au contraire que tu t’installes dans la croyance présomptueuse et très sournoise de n’en avoir aucune ? Ce qui constitue deux formes opposées d’un même renoncement. Méfie-toi alors de ne pas passer ta vie à prophétiser tes échecs à venir. Car tu resteras soumis à tes croyances les plus néfastes,  comme à autant de fatalités qui te détruisent, te dénigrent et t’empêchent d'avancer.

 

  • Ta détermination est de type essentialiste. Tes croyances te fondent a priori et restent en cela hors du champ de ta volonté, y compris la croyance en ton libre arbitre. Pour toi, la vie n’est que ce qu’elle est : un enchaînement de causes et d’effets plus ou moins voulus, sellés dans un destin qui te dépasse.

Ici, ton choix, quel qu’il soit, te donne déjà cette inaliénable liberté : décider de ce qui te détermine. Abstiens-toi de tout jugement et considère cet avertissement de Pascal lui-même : « Ne blâmez pas de fausseté ceux qui ont pris un choix car vous n’en savez rien ». 

 

Cependant, se pourrait-il que choisir la première hypothèse te donne un avantage décisif? En gagnant, tu gagnerais, qui sait, sur les croyances qui donnent un sens à ta vie et que perdrais-tu à te défaire des autres, comme autant de faux-semblants qui te pèsent ? Penses-y... Pense à ce possible avantage de progresser, à ton gré, vers une remise en jeu permanente de toi-même ? Serait-ce là un sort enviable ? Je te laisse en décider...

 

D’un coup d’un seul, tes positions vacillent dans la perspective de ton inachèvement, ta situation bascule vertigineusement comme la première occurrence d’une vie dont s’ouvrent tous les potentiels et qui devient proprement sans limites. La question n’est plus de savoir s’il faut croire ou pas, elle s’ouvre sur un arbitrage possible entre tes croyances. Comme si la dernière carte retournée relançait la partie et toutes les parties précédentes. Tu joues alors le Grand Jeu. Tu agis comme si tu pouvais racheter ton passé, même le plus misérable, pour en faire une promesse nouvelle, ici et maintenant, et la condition la plus favorable qui te mène au pari suivant où tout se décide à nouveau.

 

Tu retrouves ici les conditions favorables que pose Pascal puisque tu peux jouer à perte de vue pour un gain incertain et total : la  réalisation de ton existence et sa résolution dans sa pure essence, sans risque de rien perdre, excepté quelques illusions sur toi-même et ce dont tu avais intérêt à te défaire.

 

À mesure que tes multiples paris s’effectuent et que tu t’enrichis des seules croyances sur lesquelles tu es prêt à miser, ta vie peut enfin se déployer sans entrave et avec elle tous tes potentiels qui sommeillent en toi. Dans cet engagement total et constant à rejouer toujours tes croyances pour augmenter ta puissance d’être, tu verras alors se réaliser la prophétie de Goethe, et sortir du néant tous les alliés de la Providence venus  pour éclairer ton chemin :

« Une quantité d’éléments sur lesquels tu ne pourrais jamais compter par ailleurs contribue à t’aider. La décision engendre un torrent d’événements. Tu profites alors d’un nombre de faits imprévisibles, de rencontres et d’un soutien matériel que nul n’aurait jamais osé espérer. Quelle que soit la chose que tu peux faire ou que tu rêves de faire, fais-la. L’audace a du génie, de la puissance, de la magie.

Commence dès maintenant ».

 

Il ne te reste plus pour engager le pari des croyances qu’à te poser ces 3 questions :

 

Qu’as-tu envie de croire maintenant ?

Qu’as-tu à y gagner ?

Qu’es-tu prêt à parier ?

 

16 juillet 2015

 

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