Issu du grec, le mot pornographie pouvait à l’origine s’entendre comme « représentation complaisante (graphê) de la prostituée (pornê) ». Par glissement sémantique, la complaisance s’est bientôt muée en obscénité, la séduction en avilissement de l’objet par sa représentation.
Et nous voilà aujourd’hui, les héritiers post-modernes du petit suffixe -porn que nous accolons à toutes images extrêmes, pour en souligner l’outrance.
Les réseaux sociaux ont ainsi formé le terreau à l’éclosion d’un de ses avatars : le foodporn.
Sur l’affiche, une ado, pose à côté d’une toise. Fière de grandir, fière de ses premières fois : premiers pas, premier amour, et enfin, premier burger.
Cette ultime étape – potentiellement consolatrice de la précédente – nous est présenté avec une diabolique naïveté comme une consécration. « L’expérience » Burger King devient un acte fondateur dans son parcours de future femme, le rite initiatique de passage pour la consommatrice ménagère de moins de 50 ans.
Désormais, les centimètres se gagnerons dans la largeur.
Quelques 80 kilos plus tard, c’est elle qui poussera la porte du cabinet d’hypnose, effrayée et vaincue par ses compulsions alimentaires qui la font manger et vomir.
Peut-être eût-il fallu commencer par vomir cette publicité #adporn.